Pour le reste du weekend, j’ai consacré presque tout mon temps à examiner, tâtonner et polir mes nouvelles bottes de caoutchouc. Sous les yeux souriants de Maman, je les avais essayées pour m’assurer que celles-ci me faisaient confortablement. Mes bottes de caoutchouc étaient parfaites. Dans ma chambre, assis à mon pupitre, je regardais dehors et J’anticipais les événements que lundi amènerait.
Ce beau matin tant attendu, je me suis levé à 7 h 30, beaucoup plus tôt que le sifflet à vapeur de Courtauld (le criard de la soie) qui se faisait entendre à 7 h 55. Par son timbre mécanique, cuivré et lointain, il annonçait aux ouvriers le début du « shift » de 8 à 5 ainsi que le réveil des enfants pour l’école. Je me suis empressé de me rendre à la salle de toilette bien avant mes sœurs. Cette pièce très importante de la maison pouvait être accaparée pendant de longues minutes par les filles. Mon objectif pour ce lundi matin était de sortir de la maison le plus rapidement possible pour aller rejoindre les gars dans la cour d’école. J’allais, bien sûr passer par la Walton pour tester mes bottes dans l’eau… de la vraie eau d’étang, opaque, boueuse et creuse.
Après avoir mangé mon bol de soupane, j’ai quitté la maison comme une flèche. Mon sac d’école à la main et mes bottes de caoutchouc aux pieds, j’étais au ciel. Au printemps, la Walton n’était qu’un sentier boueux qui me permettait de laisser mes empreintes de bottes dans le sol mou. Je jouissais du fait que mes nouvelles bottes avaient une semelle à gros crampons. Ceci augmentait ma confiance et par conséquent, me donnait un sens d’invincibilité.
Une fois rendu au coin de la Anthony et Walton, j’ai aperçu mes copains en train de briser la fine couche de glace qui s’était formée pendant la nuit. Un lançait des pierres pour la transpercer tandis que l’autre piétinait sur sa surface fragile.
En me voyant, mes amis, surpris, me lancèrent un regard impressionnant. Mes bottes de caoutchouc commençaient déjà à me donner de l’importance. En les rejoignant, j’ai remarqué immédiatement que mes bottes étaient plus hautes que les leurs. Plus hautes par au moins un pouce (2,54 cm). Cette constatation signifiait que je pouvais aller dans l’eau plus creuse, sans me mouiller les pieds. Laissez-moi vous dire qu’un pouce faisait une immense différence!
Finalement, comme il se faisait tard, nous nous sommes dirigés vers la cour d’école.
Mais avant, je me devais de montrer à mes amis mon courage, ma détermination et les prouesses que mes nouvelles bottes de caoutchouc me donnaient. Tous allaient remarquer mes capacités exceptionnelles de patauger sans crainte dans cette belle eau boueuse! J’ai donc décidé, aux regards incrédules des garçons, de traverser, d’un bord à l’autre, cette mer qui se présentait devant moi.
D’un pas lent mais assuré, j’ai commencé cette marche périlleuse vers l’autre bord de l’étang où mes amis m’attendaient. Plus j’avançais, plus je callais. Je ne faisais que vérifier la profondeur de l’eau par le bord de mes bottes qui devenait de plus en plus mince. J’étais tellement concentré que j’en ai presque perdu l’équilibre. Le haut de mes bottes tordait sous la pression grandissante de l’eau. J’étais presque rendu au centre de l’étang et il ne restait que quelques centimètres avant le déluge. Je savais que le lit du ruisseau était devant moi et que jamais je ne pourrais réussir mon objectif. Reculer était hors de question. Je devais foncer coûte que coûte, même le faire avec des pieds mouillés.
Eurêka! (Un mot qui m’était inconnu à l’époque.) Semblable à un coup de foudre, il m’est venue une image mentale. Une image qui me donna un regain d’énergie et un faible espoir d’avoir décelé une solution à ma situation précaire.
À l’automne, et même l’été, le ruisseau, c’est-à-dire la partie la plus basse du terrain, était toujours pleine d’eau ou boueuse. Pour nous permettre de profiter d’un raccourci, nous avions construit un petit pont qui la chevauchait, nous permettant ainsi de passer sans salir nos souliers. Nous avions utilisé des poutres de bois, des pièces de métal et des pierres pour le rendre solide et stable. Était-il toujours là? J’ai estimé sa situation approximative. Au lieu de procéder vers l’avant, j’ai fait une dizaine de pas vers ma droite. J’ai commencé à avancer très lentement en tâtant le fond, tout en examinant le haut de mes bottes en espérant que ma vision du pont et mes calculs étaient précis.
Tout à coup, j’ai senti quelque chose de dur et un peu soulevé. À ma grande surprise, c’était le pont. Il était intact! J’ai mis le pied sur sa surface lisse et je me suis soulevé de quelques pouces (quatre centimètres). Un sourire aux lèvres, j’ai jeté un coup d’œil du côté de mes amis. Ils étaient stupéfaits. Le tour était joué. Les cinq prochains pas me donneraient une victoire assurée. À chaque pas, je tâtais de chaque côté pour m’assurer de rester bel et bien sur ce petit pont mince et submergé. Lentement et assurément, je me suis rendu de l’autre côté de l’étang les pieds secs. J’ai été accueilli par mes amis qui examinaient, sous toutes les coutures, mes nouvelles bottes de caoutchouc.
Il restait encore plus de 20 minutes avant la cloche.
En marchant vers l’école, nous avons aperçu un autre groupe de garçons qui s’amusait dans l’étendue d’eau qui couvrait la partie nord de notre cour d’école. Après l’expérience que je venais de vivre, je tenais le diable par la queue. Même si la sœur directrice, à maintes reprises, nous avait sévèrement interdit de jouer dans cette partie dangereuse du terrain, j’étais décidé d’aller rejoindre mes autres amis pour répéter l’exploit que je venais de vivre. J’étais insatiable dans ma curiosité et mes ambitions.
« De tout temps les gourmands ont creusé leurs fosses à belles dents ».
Dicton français À suivre
Avis aux anciennes/anciens élèves de l’école primaire Ste-Croix, rue Anthony à Cornwall : des retrouvailles sont en train de s’organiser pour le 31 août 2019.
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Pour plus d’information veuillez communiquer avec Claire Ranger-Gosselin à stecroixprimaire@gmail.com OU sur Facebook à ‘’Retrouvailles 2019 école primaire Sainte Croix, Cornwall ON’’
Notice to former students of ‘’École primaire Ste-Croix’’, Anthony St. in Cornwall: a homecoming is being organized for August 31st 2019.
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